Forces et faiblesses de la communauté

« Que pouvons-nous savoir sur le Quart Monde face à cette
réalité que nous appelons la communauté ?

Pour être sûrs de ne pas nous tromper sur les mots, prenons d’abord le Larousse pour une définition du terme communauté qui nous permette de préciser ce que nous devons chercher.
Communauté, nous dit le Larousse, équivaut : état de ce qui est commun, parité, identité.
C’est le terme d’identité que je voudrais retenir en particulier et la question que je me pose alors est triple.
1) Dans quelle mesure, les hommes du Quart-Monde s’identifient-ils les uns aux autres, se reconnaissent-ils comme frères, comme membres d’un groupe ou d’un peuple ?
2) Qu’est-ce qui, en Quart-Monde, facilite ou fait obstacle à cette identification ?
3) Comment promouvoir la reconnaissance mutuelle ?
Nous ne prétendons pas, dans l’heure qui nous est impartie, répondre à ces questions, mais bien de proposer quelques lignes de réflexion que nous pourrions, par la suite, approfondir ensemble. Posons-nous d’abord la question de savoir dans quelle mesure les hommes s’identifient les uns aux autres ?
Il est vrai que, pour rétablir quelque peu la vérité des choses, nous avons souvent insisté sur le fait qu’au-delà d’un certain seuil de privations, les hommes ne peuvent plus guère se reconnaître, avoir conscience d’une certaine solidarité. Nous y avons insisté, parce qu’il nous semblait que, trop souvent, ceux qui abordent la misère imaginent y trouver la solidarité.
C’est sans doute un des plus beaux rêves que les non-pauvres font sur la pauvreté, et c’est en plus un rêve qui les disculpe en quelque sorte. Puisque s’il y a solidarité, cela veut dire que la pauvreté est porteuse de valeurs particulières et cela peut en quelque sorte mettre en paix la conscience des riches. Nous avons donc été amenés à souligner ce qui, au contraire, portait atteinte à la solidarité en Quart-Monde et nous aurons encore l’occasion d’y revenir ce matin.
Pour l’instant, par contre, je voudrais me demander ce que j’ai pu observer et entendre en Quart-Monde qui pourrait être interprété comme le signe que les hommes se reconnaissent, malgré tout. Et je parlerai ici surtout des familles qui vivent regroupées en cités sous-prolétariennes ».

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