Les plus pauvres révélateurs de l’indivisibilité des droits de l’homme

Contribution du Père Joseph Wresinski à la réflexion fondamentale de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, publiée dans Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, Paris – la Documentation Française – 1989 – pages 221 à 237.

« L’homme, son message, sa destinée, tels sont plus que jamais le centre de la pensée et du combat du monde, aujourd’hui. Car n’est-ce pas de cela qu’il s’agit, dans les débats et les luttes qui, en notre temps, ont si largement pour sujet les Droits de l’Homme ?

Pourtant, à quarante ans de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de l’Onu, leur réalisation demeure plus limitée que beaucoup ne l’espéraient ; plus limitée aussi que nous ne l’avions imaginé, pendant longtemps, dans nos démocraties occidentales. Il n’y a pas, comme nous le pensions, les pays où ces droits sont respectés et ceux où ils le sont moins ou ne le sont pas encore. La grande pauvreté revenue à la surface dans les pays riches qui en avaient oublié l’existence, y est comprise, aujourd’hui, comme une violation systématique de l’ensemble des droits fondamentaux. Il y a donc, dans tous les pays, des dénis graves. Et ils ne sont pas accidentels mais inhérents à la manière dont les hommes organisent la vie de la communauté nationale et internationale.

On comprend que la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, entraînée dès sa fondation dans l’examen de situations et de législations spécifiques très diverses, n’ait pas voulu en rester là. Une réflexion sur les fondements même des droits déclarés inaliénables s’imposait d’autant plus, qu’elle faisait défaut, non seulement en France mais dans le monde. A cette réflexion, je voudrais tenter de contribuer, en retraçant l’essentiel de ce que m’ont appris les plus pauvres. J’ai eu le privilège de partager leur vie et leur combat en Europe occidentale, en Afrique, dans les Amériques, en Extrême Orient, cela en tant qu’homme né dans la misère et en tant que prêtre de l’Eglise catholique romaine. Je voudrais indiquer les pistes de recherche sur lesquelles des populations démunies de tous droits m’ont entraîné au cours de ma vie.

Ces populations m’ont fait découvrir les réalités vécues qui unissent les plus pauvres à travers les cultures et les continents et qui signifient la même condition de hors-droits, partout. Des réalités qui les ont conduits à se choisir le nom de «Quart Monde», peuple en dehors de tous les mondes que se sont forgés les autres. Je témoignerai aussi du refus qu’opposent à cette condition de misère, les victimes et ceux qui se sont rangés à leurs côtés. Refus qui semble reposer, sous tous les horizons, sur une conception de l’homme comme ayant droit à des responsabilités et aux moyens de les assumer, pour le bien de tous. Une conception d’un homme indivisible en lui-même et pour cela détenteur de responsabilités et de droits indivisibles. Mais aussi, d’un homme indissociable des autres, partie prenante d’une humanité indivisible et où le plus pauvre doit pouvoir participer à la mission commune ».

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