10 JUIN 2017 : VIOLENCE ET DON – REPENSER LES RELATIONS
Colloque de Cerisy | Communication de Paul Dumouchel -VIDÉO ci-dessous
Paul Dumouchel est Philosophe, professeur à l’Université de Ristumeikan (Japon)
“ Dans les mythes, la victime est responsable des crimes dont on l’accuse. Très souvent, il s’agit de crimes qui remettent en cause le fondement de l’ordre social… Le pauvre moderne est jugé coupable du crime dont on l’accuse; en l’occurrence d’être pauvre précisément. Crime qui lui aussi remet en cause le fondement de l’ordre social, tout simplement parce qu’il est involontaire; mais involontaire, la pauvreté ne saurait être un crime.”
Paul Dumouchel s’attache pour aller au delà de ce sacrifice inutile à deux traits caractéristiques de la pauvreté étroitement liés : le premier c’est que la pauvreté a affaire avec le sacré. Lorsque Joseph Wresinski écrivait que « Les pauvres sont l’Eglise », c’est bien un lien entre la pauvreté et le sacré qu’il mettait en évidence. Le second c’est que le pauvre est une « figure de l’étranger », le père Wresinski disait du pauvre : « c’est un exclu. Il est un étranger social, un étranger culturel, il est un étranger religieux. »
M Dumouchel montre que ces dimensions de la pauvreté sont étroitement liées et la façon dont est exclu le pauvre dépend de la place et du rôle du sacré au sein de la société : dans une société où le sacré s’efface parce que les « sacrifices » y sont devenus inutiles, les pauvres deviennent invisibles.
Dans son exposé, sa référence à René Girard nous permet de comprendre la multiplicité des formes de l’exclusion ; que le sacré et l’exclusion sont inséparables, car le fondement du sacré est un mécanisme d’exclusion et de violence collective.