« Tenir bon, envers et contre tout »: garder les liens et garder les missions

Dans le contexte de crise longue et majeure liée à la pandémie, l’équipe  du Centre Joseph Wresinski a voulu tout mettre en œuvre dès les premiers  moments pour « tenir bon, envers et contre tout », avec deux lignes de force : garder les liens et garder les missions. Il s’agissait de tenir à la fois les tâches du quotidien et les projets en cours, en conformité avec le programme du Centre de mémoire et de recherche Joseph Wresinski (CJW). Mais il fallait aussi maintenir les liens dans l’équipe et avec les équipes du Mouvement hors des murs du CJW, et avec tous ses partenaires, dans les multiples travaux lies aux archives, à la documentation et aux projets de recherche.

Dès le premier confinement, en mars, l’équipe du Centre s’est mobilisée pour que chacune, chacun, dispose des moyens de poursuivre ses activités, malgré les distances et l’absence souvent durement ressentie des liens de présence physique sur le lieu de travail. Des ordinateurs portables ont été mis à disposition. Le travail quotidien a été organisé grâce à des réunions virtuelles. Pour permettre une continuité de l’activité de classement, le traitement des archives numériques a été privilégié et renforcé, et un suivi a minima du travail de description des archives physiques a été assuré sur place, lorsque cela a été possible, dans le respect des consignes gouvernementales.

Les jeunes ont particulièrement souffert de l’éclatement des liens de société et de culture due à la crise. En réponse, le Centre Joseph Wresinski a voulu renforcer la dimension inclusive et participative de son travail de mémoire et recherche, en accueillant et accompagnant sur son site de Baillet-en-France, des étudiants en stage, des  jeunes volontaires  en formation  ou en étape de transition, ou des participants  à des chantiers organisés par le Mouvement.

Très vite aussi, le Centre s’est mobilisé pour recueillir et publier sur les sites web du Mouvement ce que les plus pauvres vivaient, comment ils faisaient face et ce qu’ils pensaient de la période. « Si nous, on ne fait pas l’histoire », dit Bruno Tardieu, Directeur du Centre, « si on ne garde  pas la trace de comment les plus pauvres vivent cette période, personne ne verra ce qui s’est passé. L’histoire vue par certains invisibilisera celle des autres ». Pour une grande partie de l’humanité, le confinement n’a pas été possible : si elle ne sort pas le matin, elle ne mangera pas le soir. Son côté exceptionnel, pour beaucoup, a inspiré ces propos d’un militant en Belgique : « Pour nous qui  vivons dans la pauvreté, être isolé, c’est monnaie courante. Peut-être que maintenant les autres personnes réaliseront ce que nous  vivons chaque jour … J’espère,  – dit-il,   que ce sera un tournant décisif, une sorte de bouton de reset !1 ».

Les ruptures dues à l’extraordinaire de la crise liée à la pandémie, et les multiples mesures de prévention sanitaire et de contrôle de la vie sociale mises en place par les pouvoirs publics pour lutter contre, ont mis en relief « l’ordinaire » du travail de l’équipe du CJW. C’est cette dimension du quotidien de la vie et des activités du Centre, en temps de pandémie, que nous avons voulu mettre en exergue dans ce rapport.

A travers sa volonté de tenir envers et contre tout ses liens et ses missions, nous voulons croire que le Centre Joseph Wresinski a contribué au « reset » dont parle le militant cité plus haut, vers un monde d’après autre et qui n’oublie ni ne laisse personne de côté.

Le texte intégral du rapport (32 pages) peut être téléchargé ci-dessous.

  1. Reset signifie remettre à zéro, réinitialiser et traduit l’idée de changer de modèle, de redémarrer sur de nouvelles bases, en retardant les choses et agissant autrement.
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